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Il n’est pas indispensable d’avoir toutes les qualifications demandées pour le poste auquel vous postuler

Si vous avez récemment obtenu un diplôme universitaire, il est probable que vous ayez suivi plusieurs cours qui, selon vous, vous aideront à vous préparer à votre premier emploi. Malheureusement, la plupart de ce dont vous avez besoin pour réussir dans votre travail implique des compétences que vous n’avez jamais suivi de cours pour acquérir. Et cela peut compliquer le processus de candidature.

La chine au porte de Paris

Lorsque vous examinez les qualifications pour les emplois de niveau d’entrée, de nombreux éléments de la liste peuvent être des choses que vous n’avez pas encore rencontrées. Même lorsque votre nouvel emploi implique des compétences techniques qui ont été abordées dans vos cours, votre futur employeur utilisera probablement des outils que vous n’avez jamais vus auparavant et s’appuiera sur des processus qui vont au-delà de ce que vous avez étudié.

Cependant, et c’est important, ce n’est pas parce que vous n’avez pas toutes les qualifications que vous ne devriez pas postuler pour cet emploi.

Apportez votre cerveau au travail, est ce que chacun, qu’il sorte ou non tout juste de l’université, vous aurez a possibilité de postuler pour un poste normalement offert aux personnes ayant quelques années d’expérience.

Quoi faire ? la réponse : « si vous êtes parfaitement qualifié pour le poste , vous visez trop bas. » . Si finalement vous avez obtenu le rôle – et bien il vous restera beaucoup à apprendre, et vous ferez bien.

Les sociétés s’attendent à ce que les personnes qui débutent dans un poste (et en particulier les personnes qui débutent dans une entreprise) évoluent. Elles veulent que les nouvelles recrues posent beaucoup de questions, recherchent un mentorat et commettent même quelques erreurs au fur et à mesure qu’elles découvrent leur rôle.

Cela signifie que vous devez rechercher des positions qui vous grandiront, pas celles où vous pouvez déjà cocher toutes les cases.

Malheureusement, de nombreuses personnes se concentrent sur des emplois potentiels pour lesquels elles sont déjà trop qualifiées. Il y a des avantages à faire cela : elles vont « démarrer rapidement », ce qui rend souvent un employeur heureux et peut renforcer la confiance en soi de la personne. Mais il est peu probable que le travail mène à une croissance importante et le fait de stagner dans un rôle rendra difficile la transition vers le poste suivant. En particulier, une trajectoire ascendante sur le lieu de travail nécessite une acquisition cohérente de l’ensemble des compétences nécessaires pour occuper le poste suivant. L’apprentissage de ces compétences lorsque vous occupez un poste pour lequel vous êtes sousqualifié exigera que vous appreniez « en dehors des heures de travail » plutôt que d’intégrer l’apprentissage dans l’exécution quotidienne de votre rôle.

Plage de Guadeloupe

Un facteur qui empêche souvent les gens de postuler à des emplois est le syndrome de l’imposteur. Ce sentiment que vous avez atteint un poste que vous n’avez pas mérité ou que vous ne méritez pas. Les personnes qui souffrent de ce syndrome craignent que si les autres savaient à quel point elles n’étaient pas qualifiées pour leur poste, elles ne conserveraient pas leur emploi.

Gadeloupe.
La plage

Mais ce syndrome est généralement une farce. Vous ne pouvez pas lire les pensées des autres, vous pouvez donc supposer qu’ils ont un degré de confiance en leurs capacités plus élevé qu’ils n’ont. Vous ne connaitrez jamais la quantité de compétences apprissent sur le tas si vous évitez les postes pour lesquels vous vous sentez non qualifié. Il vaut mieux traiter un nouveau poste comme un défi. Un état d’esprit de croissance, pour continuer à apprendre, est de traiter les tâches difficiles comme un manque de compétence (qui peut être acquise) plutôt qu’un manque de talent. (ce qui ne peut pas).

En pratique, il est utile pour presque tout le monde de traiter les offres d’emploi comme s’il s’agissait d’un ensemble de directives sur ce qu’implique un poste, et non d’une liste stricte d’exigences que tout candidat doit avoir. Il est bien sûr important d’avoir aux moins certaines des compétences requises dès le départ. Mais personne ne doit se limiter aux seuls postes pour lesquels il est déjà surqualifié.

Bring Your Brain to Work: Using Cognitive Science to Get a Job, Do it Well, and Advance Your Career ( librement inspiré de HBR Press).

Il est temps d’arrêter de planifier des choses pour les décaler ensuite. Vraiment !

En appelant le service client d’un vendeur en ligne, j’entends un message disant: «En raison d’un grand nombre d’appels, nous ne pouvons donné suite à votre appel actuellement,Laisser un message. Nous vous rappelons avant la fin de la journée. »

Après plusieurs appels, plus d’une douzaine de fois sur plusieurs jour, seuls deux rappeleffectifs..effectifs.

Pourquoi un service clients aurait-il un message vocal assurant aux appelants que «nous rappelleront dans la journée» et ne retournerait ensuite que 20% des appels pour lesquels il s’est engagé ?

Probablement pour les mêmes raisons, que la plupart d’entre nous qui promettent «de répondre au mail lundi» mais ne le font pas, ou «d’envoyer ce doc avant vendredi», et qui ne le faisons pas

Pourquoi disons nous que nous allons faire des choses et qu’ensuite nous les faisons pas ?

Nous nous surengageons. Nous n’aimons pas décevoir les gens, alors nous leur disons ce que nous pensons qu’ils veulent entendre.

Nous ressentons de la pression sur le moment et ne nous arrêtons pas pour réfléchir à la pression que nous ressentirons plus tard.

Nous ne pensons pas au temps que les choses prendront réellement – et nous ne laissons pas assez de temps pour gérer les urgences (inévitables) et les retards. Pour limiter les conséquences de ce type de comportement n’hésitez pas à bouquet des espaces en surestimant de 50 % de la charge nécessaire. Nous ne sommes pas à la résistance des matériaux pour le coefficient est de trois à six mais cela vous permettra de faire de meilleures nuits.

Souvent les personnes vous disent oui puis, à l’approche de l’engagement ou à cause d’une opération urgente ou d’un engagement ou d’un oubli ou d’un retard, ils doivent reporter ou annuler. Probablement comme vous je ne suis pas en reste sur ce type de comportement. Cependant lorsque ça vous arrive de voir un rendez-vous annulé vous trouvez la situation désagréable est souvent irrespectueuse.

Le livre de Stephen M.R. Covey, The Speed of Trust. Il s’agit d’être digne de confiance. Comme vous, j’ai toujours pensé que je l’étais, mais l’auteur explique que lorsque vous prenez des rendez-vous et que vous les annulez, alors vous n’êtes pas digne de confiance. Lo

rsque vous ne respectez pas les engagements que vous prenez librement, la confiance n’est plus au rendez-vous non plus et résultat ne peut pas être brillant.

Bien sûr , je me suis rendu compte comme vous que la tentation de ne pas donner suite est aggravée par la facilité. Jamais l’annulation, par exemple, n’a été plus facile et moins douloureuse pour nous qu’à l’ère du SMS et du mail.

On peut annuler sans jamais avoir à parler avec, encore moins à rencontrer, quelqu’un. Nous pouvons annuler cinq minutes à l’avance et sans explication. Ajoutez simplement une émoticône à notre message et nous pouvons nous convaincre que c’est presque la même chose que si nous avions respecté notre obligation.

COVID-19 Paris 2020

Mais le processus de réflexion n’est toujours pas sans douleur. Nous nous en sentons coupables. Nous nous demandons quoi faire – et l’indécision épuise. Enfin, nous annulons et nous sapons notre confiance en nous-mêmes et celle des autres. Cela renforce notre conviction que nous ne pouvons pas tout faire – que nous ne pouvons pas toujours contrôler notre emploi du temps, ni même nos efforts.

Il y a des conséquences sur notre vie personnelle, et il y a certainement des conséquences sur le lieu de travail.

Tenir ses engagements est un signe de maturité. Les employés qui ne terminent pas leurs missions, par exemple, ou ne les terminent pas tard ou mal, ou sont eux-mêmes régulièrement en retard, manquent des réunions et annulent des rendez-vous, sont des freins pour les autres membres de l’équipe et un sujet pour leurs employeurs.

Ces mauvaises habitudes sont presque omniprésentes, certains d’entre nous le constatent alors qu’ils gravissent les échelons vers des rôles de leadership, où le dysfonctionnement qu’elles génèrent est amplifié.

Il est difficile de tenir vos subordonnés pour responsables lorsque vous ne vous tenez pas responsable.

Il est difficile de faire confiance aux autres quand on sait qu’on ne peut pas compter sur nous.

Comment susciter l’engagement de ceux que nous dirigeons alors qu’il est évident pour eux que l’engagement est un principe négociable pour nous?

Il est impossible d’être un bon leader si nous ne nous gouvernons pas nous-mêmes en vous montrant exemplaire.

Dans sa ville ni Dieu ni maître.

Il faut peut être décidé d’arrêter de reporter nos engagements et de les traiter comme tels : des engagements.

Alors vous découvrirez que lorsque vous vous engagé à faire les choses que vous avez dit que vous ferais, vous vous sentirez en fait beaucoup moins stressé par eux, ils vous porteront.

De facto plus en plus d’engagements tenus, engendrent de plus en plus de confiance. Il faut apprendre combien de temps les choses prennent vraiment, alors vous serez en bonne posture pour donner des estimations sur le moment où vous pourrez livrer.

Si vous voulez vraiment dire non lorsque vous dites oui, alors dites non en premier lieu.

Nous sommes tous dans le même bateau – nous avons un temps limité et un nombre apparemment infini de choses intéressantes à faire avec.

Vous ne savez pas comment dire non? Google « comment dire non à une demande », puis étudiez.

Engagez-vous à ne pas accepter de faire les choses à moins d’être sûr de donner suite. Demandez du temps pour réfléchir en cas de doute.

Ne dépassez pas vos capacités. Si vous êtes vraiment dépassé, vous devrez peut-être passer par une période de transition pour éliminer certaines choses; après cela, une fois que vous dites oui à quelque chose, tenez-vous-en au oui.

Si l’engagement semblait être une bonne idée à l’époque, il l’est toujours – même si la valeur ne se trouve pas dans l’activité elle-même, mais dans la fiabilité et le suivi.

Comment se débarrasser de vos ennemis. Le cookBook Ultilmate

LA TACTIQUE:

En tant que manager, dans les grandes organisations, licencier un individu est une tâche presque impossible à accomplir. Les ressources humaines et les procédures et processus juridiques peuvent facilement prendre de cinq à neuf mois pour licencier quelqu’un. Au cours du processus d’évaluation des personnes à licencier, ces personnes seront très bruyantes et peuvent ternir votre réputation de manager. Alors, comment les cadres peuvent-ils licencier un groupe sans nuire à leur propre réputation? La réponse sont mises en disponibilités et départs volontaires.

La sélection de départ volontaire est un processus silencieux et l’exécution de la fin de contrat est rapide et certainement moins chaotique que le licenciement d’un employé. Alors, comment les dirigeants se débarrassent-ils des individus ciblés? Ils le font en deux étapes. La première étape consiste à déplacer tous les individus cibles dans une seule nouvelle organisation qui est «de pointe», «innovante» ou destinée aux «talents». Étant donné la nature de cette nouvelle équipe, il est logique que davantage de penseurs expérimentaux bruyants soient ajoutés à ce groupe.

Si la plupart ou la totalité des membres de cette nouvelle organisation ont un ennemi commun ou un exécutif qu’ils méprisent, ou s’ils ont été ciblés parce qu’ils ne sont pas «en adéquation culturelle», alors c’est un signe révélateur que cette nouvelle équipe est très susceptibles d’être rejetés par une mise à l’écart dans un avenir proche.

Oubliez tout vous êtes piégés

Une fois le processus de mise en boite terminé, le lancement d’une élimination en raison d’une restructuration organisationnelle « imprévue » due a un « changements de conjoncture » peut être exécuté en quelques semaines – boom! Cela permet à un dirigeant de se défaire d’une équipe d’inadaptés en quelques jours. Cette tactique est possible parce que tous les employés de l’unité nouvellement formée ont accepté volontiers les risques et les avantages de rejoindre la nouvelle unité de pré-licenciement.

EN TANT QU’EMPLOYÉ

Maintenant que la tactique a été expliquée, en tant qu’employé, vous devez être attentif à être vendu a la découpe en abandonnant votre poste actuel et en devenant une équipe de type pré-licenciement. Si vous êtes invité à rejoindre une équipe d’étoiles « nouvelles » et « innovante », pensez d’abord aux points suivants:

  • Tous les membres de la nouvelle équipe ont-ils un ennemi organisationnel commun?
  • Cette nouvelle équipe a-t-elle des objectifs impossibles, indéfinis ou uniques avec des KPI difficiles à mesurer?
  • L’équipe peut-elle être mise à pied sans nuire au succès de la grande organisation?
  • Si la réponse aux questions ci-dessus est «oui», cette équipe doit être considérée comme une équipe de « pré-licenciement ».
Pour vous protéger, établissez des relations solides avec des équipes en dehors de votre organisation et hors de portée de tout ennemi commun.

Commencez à développer des capacités en dehors de votre rôle actuel au cas où vous auriez besoin d’interviewer d’autres groupes. Si vous suivez ces conseils, nous sommes sûrs que vous saurez comment réagir si vous sentez que vous avez été ciblé.

EN TANT QUE NOUVEL EMPLOYÉ:

Parfois, de nouveaux employés sont ajoutés à ces groupes de pré-licenciement par défaut comme moyen sans risque pour la grande organisation de mesurer leurs capacités.

Imaginez que vous êtes récemment diplômé d’un programme de MBA et que vous avez récemment été embauché dans une nouvelle équipe « super innovante » avec des KPI difficiles à mesurer qui répondent aux trois critères ci-dessus.

En tant que récent diplômé du MBA, vos aspirations à un ego élevé et à votre carrière sont satisfaites car vous faites partie d’une équipe « nouvelle », « de pointe » «  » all-star « . D’un autre côté, une entreprise peut vous évaluer en tant que MBA sans avoir à vous licencier si la performance n’est pas là. Dans l’ensemble, c’est une situation gagnant-gagnant!

Stratégie

Mettre la pensée stratégique au service du développement de l’entreprise

Sylvain Monnerie Maxima, 2018

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Le terme ‘stratégie’ génère plus de 93 000 000 de résultats.

Utilisé au départ dans le domaine militaire, il s’est étendu à d’autres environnements, notamment à l’économie et à la gestion d’entreprise.

Quelles sont les racines de la pensée stratégique en entreprise ? Qui en sont les principaux théoriciens ? Quelle est la différence entre Strategic Process et Strategic Design ? Sylvain Monnerie, Senior Manager chez Ernst et Young ADVISORY, nous entraîne au cœur de l’histoire de la pensée stratégique en entreprise. Elle s’intéresse à la réflexion orientée contenus de la stratégie, une modélisation désigné par le terme de Strategic Design. Un ouvrage instructif pour qui souhaitent mieux comprendre la démarche stratégique en entreprise.

En quelques Mots

  • Il faut comprendre l’architecture globale de l’entreprise pour mieux appréhender la stratégie, un concept victime de polysémie.
  • Enseignée d’abord comme politique générale d’administration, la pensée stratégique a vu émerger différents courants de pensée.
  • Strategic Design et Strategic Process les deux paradigmes qui structurent la pensée stratégique.
  • L’art militaire influence sur notablement le Strategic Design.
  • La pensée culturelle occidentale, l’économie industrielle et le positivisme façonnent l’idéologie du Strategic Design.
  • Formuler, planifier, se positionner et déterminer les ressources stratégiques : les quatre grands courants de la pensée du Strategic Design apportent chacun un contenu théorique distinct.

Si on résume

L’entreprise évolue autour de trois axes.
Le premier est la philosophie d’entreprise, qui impulse ‘la direction et le sens de l’action’ tout en fixant les perspectives à long terme.
Le deuxième est la politique générale, en d’autres termes, l’élaboration des objectifs fondamentaux.
Le troisième axe est la stratégie, sa mission consiste à identifier les moyens d’atteindre les objectifs édictés par la politique générale. De ce fait, cette dernière occupe une ‘position hiérarchiquement supérieure’ à la stratégie en lui imposant les objectifs à atteindre. Comprendre cette hiérarchie nous permet de mieux appréhender la position de la stratégie dans ‘l’architecture globale’ d’entreprise, et sa relation avec la politique générale et la philosophie d’entreprise.

« La seconde moitié du XX siècle a vu le champ de la pensée en stratégie d’entreprise passer d’une absence réelle d’interrogation à une atomisation de la réflexion et une multiplication des courants de pensée. »

Le concept de stratégie, longtemps réservé au domaine militaire, s’est progressivement étendu à d’autres secteurs d’activité, ce qui a donné lieu à de nombreuses dérives sémantiques et un ‘délitement’ marqué dans notre langue. On use et abuse du concept, ce qui a pour effet de créer une véritable ‘stagflation théorique’ de la stratégie, illustrée par ‘un manque relatif de conceptualisation et une faible hiérarchisation des concepts’. De nombreux services de l’entreprise, qu’il s’agisse du marketing, de la finance ou de la logistique, se sont appropriés ce terme, devenu progressivement polysémique. Jean-Paul Charnay, philosophe et spécialiste de la stratégie, en propose une triple vision, résultant du large éventail de définitions qu’on lui attribue. De par ses origines militaires, la stratégie fait tout d’abord référence à ‘une hiérarchie sociale’ et ‘une répartition des pouvoirs’. Elle est une combinaison d’idées et de moyens dans le but de réaliser des manœuvres. Enfin, en tant que ‘praxéologie sociale’, elle est un ‘système intellectuel orienté vers l’action’ garantissant la pérennité d’une organisation.

Enseignée d’abord comme politique générale d’administration, la pensée stratégique a vu émerger différents courants de pensée.

La stratégie d’entreprise est née en 1908, avec l’ouverture du premier cours de ‘politique générale d’administration’ à la Havard Business School, un enseignement repris par la suite dans la plupart des écoles de commerce américaines. JÀ partir des années 60, la stratégie devient un ‘champ socio-cognitif’ à part entière. Ce nouveau postulat marque l’émergence du conseil en stratégie, et de la création de cabinets de conseil en stratégie, tels que Mc Kinsey et le Boston Consulting Group (BCG).

« Ainsi à l’origine, la stratégie prend naissance dans le domaine militaire, induit un état de guerre et peut se définir comme l’art de conduire des forces armées en vue de la victoire. »

Le BCG identifie deux niveaux de stratégie. Le premier niveau est ‘la stratégie de groupe’ (corporate strategy), définie par la direction générale et qui dicte à l’entreprise le choix du secteur dans lequel elle va s’engager. Le deuxième niveau est ‘la stratégie d’activités’ (business strategy). Décidée par les unités opérationnelles, elle précise les démarches que l’entreprise doit entreprendre pour se positionner dans son ou ses secteurs d’activités. Parce qu’elle segmente l’entreprise selon ses domaines d’activité, la méthodologie du BCG offre aux grands groupes un outil efficace pour le contrôle et la planification. Toutefois, avec le choc pétrolier de 1973 et la crise économique qui s’ensuit, les entreprises s’aperçoivent qu’elles évoluent dans un environnement difficilement prévisible. Elles abandonnent provisoirement leurs rêves de planification stratégique à long terme pour se concentrer sur le management opérationnel à court terme. Dès 1976, H. Igor Ansoff met en avant le ‘management stratégique’ pour trouver le juste équilibre entre les contraintes liées à l’environnement et les capacités de l’entreprise. À partir de 1980, Michael Porter, professeur à Harvard, introduit la notion ‘d’avantage concurrentiel’ au cœur de la stratégie d’entreprise. La stratégie d’entreprise devient un outil qui permet à l’entreprise d’asseoir une position forte à long terme sur son marché. Si l’œuvre de Porter a eu une énorme influence, la stratégie d’entreprise connaît dès les années 80 une ‘forme d’atomisation’ avec l’émergence de différents courants de pensée.

Strategic Design et Strategic Processsont les deux paradigmes structurants de la pensée stratégique.

La multiplicité des points de vue complique la classification de la pensée stratégique. On peut néanmoins s’appuyer sur les travaux d’Henri Mintzberg pour recenser et hiérarchiser les principaux paradigmes structurants. Mintzberg distingue neuf écoles de pensée principales, réparties en deux groupes. Le premier groupe est le groupe ‘normatif’. Il inclut trois écoles qui théorisent la partie ‘définition’ de la stratégie : ‘[l’]École de la conception’, ‘[l’]École de la planification’ et ‘[l’]École du positionnement’. Quant au second groupe, le ‘descriptif’, il regroupe six écoles qui s’intéressent à ‘la description des processus d’élaboration de la stratégie’. Il s’agit des Écoles ‘entrepreneuriale’, ‘cognitive’, ‘de l’apprentissage’, ‘du pouvoir’, ‘culturelle’ et ‘environnementale’. Le premier groupe s’intéresse au contenu alors que le deuxième se concentre sur le processus, donnant naissance aux deux pensées stratégiques suivantes :

  1. Le Strategic Design s’intéresse à la manière dont la stratégie doit être formulée. Il fournit aux managers des outils et des modèles facilitant la décision. Le Strategic Design contribue ainsi à identifier la stratégie concurrentielle optimale pour l’entreprise, en mettant l’accent sur ‘les dimensions économiques’ de cette stratégie. Le Strategic Design s’inscrit dans le groupe normatif tel que défini par Mintzberg.
  2. Le Strategic Process s’intéresse à la manière ‘dont se forment et évoluent les stratégies’. Il ne vise pas à formuler des recommandations à l’intention des managers. Le Strategic Process est axé principalement sur l’individu et son processus de réflexion et d’action au sein de l’entreprise. Il met l’accent sur la dimension socioculturelle de l’entreprise. Le Strategic Process fait partie du groupe descriptif selon la classification de Mintzberg.

L’art militaire exerce une influence marquée sur le Strategic Design.

Parce qu’il porte avant tout sur l’analyse des situations conflictuelles, l’art de la guerre a influencé de nombreux courants de la stratégie d’entreprise, et plus particulièrement le Strategic Design. Cette influence se retrouve dans la construction du raisonnement et l’organisation des démarches analytiques particulières. Mais quelles sont les origines de cette influence et quel est l’impact des concepts militaires sur la stratégie d’entreprise ? Quelles relations existent entre concepts militaires et management ? On distingue quatre grandes théories militaires :

  1. L’ambition rationaliste : d’inspiration française, cette théorie voit la science militaire comme une ‘démarche rationalisée’ dont chaque situation serait appréhendée selon des principes géométriques et géographiques. Le raisonnement mathématique y occupe une position centrale.
  2. L’approche allemande : Clausewitz, le chef de file de ce courant théorique, affirme ‘l’importance des forces morales des troupes sur la victoire’. Il distingue trois niveaux de la démarche militaire : le niveau politique (recours à la force physique), le niveau stratégique (identification des moyens mis en œuvre pour mener une guerre) et le niveau tactique (qui ‘définit l’emploi des moyens au niveau de l’engagement’).
  3. Le paradigme classique : selon cette théorie, les pays sont inévitablement amenés à se combattre l’un l’autre. Le conflit devient un ‘instrument de la politique’, et la guerre a pour objectif de mobiliser les forces militaires de la manière la plus rationnelle possible pour assurer la victoire.
  4. La révolution nucléaire post Seconde Guerre mondiale : en laissant entrevoir l’anéantissement possible de l’humanité, Hiroshima a totalement changé l’approche de la stratégie guerrière. Celle-ci ne vise désormais plus la confrontation à tout prix, mais l’obtention ‘[d’]un résultat favorable au moindre coût’. La notion de destruction cède la place au pouvoir de la dissuasion.

« Évolution sensible, le début des années 60 marque l’émergence de la stratégie comme véritable champ socio-cognitif. »

Aujourd’hui, ‘le langage guerrier’ s’est largement répandu dans l’entreprise : on tue la concurrence, on lance des batailles commerciales, on est offensif… On assiste à un transfert notable des théories propres à la stratégie militaire vers la stratégie d’entreprise. À la fin des années 70, Ries et Trout, et dans une plus large mesure Kotler et Singh, développent le concept de Marketing Warfare (ou marketing de combat), par lequel les concurrents s’affrontent pour gagner des segments et des parts de marché. Swiners met en avant un nouveau concept, le warketing, ‘un marketing-management appliquant à la guerre commerciale mondiale les théories stratégiques et militaires’.

La pensée culturelle occidentale, l’économie industrielle et le positivisme façonnent l’idéologie du Strategic Design.

La pensée occidentale privilégie ‘la dialectique des fins et des moyens’, ou en d’autres termes, ‘le rapport théorie-pratique’. L’action stratégique s’inspire donc du modèle scientifique et technique, qui considère la stratégie comme ‘un plan projeté sur le cours des choses’. La stratégie façonne le monde et modèle le réel pour atteindre les objectifs souhaités. Les écoles du Strategic Design sont largement influencées par cette vision mécaniste. Elles prônent une séparation du travail de conception et du travail d’exécution, et postulent que la réflexion précède et oriente l’action. Le Strategic Design privilégie donc les données mathématiques et quantitatives, aux dépens du sens de l’action.

« La stratégie se voit assigner comme objectif d’assurer à l’entreprise une position stratégique défendable sur le long terme. »

Les notions de concurrence, d’économies d’échelle ou d’avantage comparatif qui influencent largement la pensée Strategic Designsont toutes issues de l’économie industrielle. Des méthodes d’analyse stratégique telles que la matrice SWOT (strengths, weaknesses, opportunities, threats) s’inspirent de l’organisation industrielle. Porter, par exemple, adapte aux problématiques opérationnelles et stratégiques les concepts propres à l’économie industrielle. Il identifie cinq forces concurrentielles (concurrence entre les entreprises, ‘menace des nouveaux entrants’, ‘menace des produits de substitution’, ‘pouvoir de négociation des fournisseurs’ et ‘pouvoir de négociation des clients’) qui, selon lui, dominent la structure compétitive d’un secteur d’activité. Porter définit également trois ‘stratégies génériques’, qui dépendent de la structure d’une industrie donnée, et des forces et des faiblesses de l’entreprise elle-même. Il s’agit de la stratégie de domination par les coûts, la stratégie de différenciation produit et la stratégie de focalisation. Enfin, Porter emprunte à l’économie industrielle un concept important : la chaîne de valeur.

« Influence scientifique et technique, la conception occidentale de la stratégie s’ancre dans une logique de transformation matérielle du monde. »

Issu de la pensée cartésienne, le positivisme d’Auguste Comte se voulait la phase ultime de l’évolution de la connaissance ‘après le stade théologique et le stade métaphysique’. En ce sens, il privilégiait l’observation pratique par rapport à l’abstraction. Vers la fin du XIXe siècle, l’américain Taylor, par exemple, entreprend de transposer la science positiviste à la gestion d’entreprise. La stratégie d’entreprise est envisagée comme un mode de réflexion déductif qui permet de prévoir, de planifier, de coordonner et de contrôler les activités de l’entreprise. Cette approche a profondément marqué le développement des écoles du Strategic Design.

Formuler, planifier, se positionner et déterminer les ressources stratégiques : les quatre grands courants de la pensée du Strategic Design apportent chacun un contenu théorique distinct.

La première école, celle de la conception, propose un modèle d’aide à la décision stratégique. On formule d’abord des objectifs généraux, puis on définit la stratégie et les mesures à mettre en œuvre pour les atteindre, tout en tenant compte de l’environnement et des ressources de l’entreprise. Cette démarche permet de délimiter les opportunités et les menaces, et d’y pallier en déployant ‘des options stratégiques alternatives’. La prise de décision stratégique se fait dans le respect des éléments identifiés, des valeurs défendues par l’entreprise ainsi que de sa responsabilité sociale. Dans le cadre de l’École de la conception, la stratégie est ‘planifiée et unique’ et relève de l’autorité du chef d’entreprise.

« Il est indéniable que l’économie industrielle ait influencé la stratégie d’entreprise. Les notions de compétitivité, de taille critique, d’économie d’échelle, d’avantage comparatif sont autant de concepts issus de l’économie industrielle et qui ont été largement intégrés à la pensée stratégique. »

Les principes développés par la deuxième école, l’École de la planification, visent à atteindre ‘une plus grande capacité de rationalisation des décisions pour les entreprises’. Elle s’appuie notamment sur la gestion prévisionnelle et la planification des décisions. Le développement des techniques financières et comptables, et l’évolution des méthodes quantitatives, facilitent l’introduction de la planification dans la gestion de l’entreprise. Celle-ci se déroule en trois étapes : la fixation d’objectifs quantifiables, l’élaboration d’un programme de mesures à mettre en œuvre et l’annualisation de ce plan sous forme de budgets répartis par services et contrôlés tous les ans. L’acteur principal dans le cadre de l’École de la planification est le ‘planificateur’. Le dirigeant n’intervient ici que pour valider – et non élaborer – la stratégie.

« La planification s’infiltre logiquement dans la grande entreprise entre 1950 et 1970. »

Avec la troisième stratégie, celle du positionnement, l’entreprise doit identifier la position spécifique qu’elle souhaite occuper dans son environnement et y exploiter un avantage concurrentiel. Le dirigeant reste maître des choix stratégiques, mais il est soutenu dans ce processus par un ‘analyste’. Celui-ci utilise ‘le traitement de données quantitatives et le calcul analytique’ pour déterminer, élaborer et déployer la stratégie. Les travaux de Michael Porter ont largement influencé la pensée de l’École du positionnement.

« La RBV fournit également un outil précieux permettant de donner des orientations de diversification. L’entreprise ne dispose plus d’un portefeuille de domaines d’activités stratégiques mais de ressources et de compétences. »

Les années 80 verront s’imposer un quatrième courant de pensée : la Resource-Based-View(RBV) – ou théorie du management par les ressources – est incluse dans le paradigme du Strategic Design. Cette approche identifie les ressources stratégiques susceptibles de fournir un avantage concurrentiel à une entreprise. Elle s’intéresse aux ressources internes de l’entreprise pour déterminer quels ‘actifs tangibles et intangibles’ l’aideraient à développer un ‘avantage concurrentiel soutenable et renouvelable’.

À propos de l’auteur

Sylvain Monnerie est titulaire d’un DESS Sémiotique et Stratégie et d’un MBA Audit, Risk Management & Assurances. Il est Senior Manager chez Ernst et Young ADVISORY, spécialisé dans les problématiques de stratégie, de marketing et de distribution des Services Financiers.